A Paleochora, nous rencontrons d’abord le paysage exceptionnel qui a émergé, à travers des développements millénaires, d’un phénomène géologique intemporel.
Des phénomènes sismiques à grande échelle ont créé trois ravins (plus de 100 mètres de profondeur à leurs points les plus profonds) à la rencontre desquels émerge une sorte d’ « aiguille » de pierre, un rocher vertical, relié par une bande de terre limitée au paysage environnant.
Au sommet de ce rocher a été construit, à l’époque byzantine, Paleochora, un cité cachée, invisible de tous côtés, tant pour le voyageur au bord de la mer que pour le vagabond dans la région montagneuse voisine.
Dans cette petite ville fortifiée (Paleochora, c’est-à-dire l’ancienne capitale pendant la période de la présence byzantine sur l’île) se réfugia une population d’importante de familles byzantines, après la chute de Constantinople en 1453, passant d’abord par la ville haute de Monemvasia et trouvant là un abri après la chute de ce dernier.
La destruction violente par le pirate turc Barbarossa (mais en même temps commandant de la flotte turque) de Paleochora en 1537, avec la décimation de la majeure partie de sa population, après une trahison et la révélation de sa position secrète, laisse une scène tragique de désolation , qui entretient encore aujourd’hui pour le visiteur, la grande intensité existentielle d’un événement terrible présent/absent.
Dans les vestiges d’une construction dense tant à l’intérieur du mur des fortification qu’à l’extérieur, dans l’allée de la falaise abrupte, il y a une multitude de petites églises (dans certaines on trouve encore des traces d’importantes pentures murales byzantines tardives à thèmes religieux) qui témoignent de la nécessité pour abriter en un petit espace, une population importante qui espérait et travaillait depuis quelques années pour son salut face à un danger maximal imminent et visible, sans pouvoir finalement échapper au désastre.
Tout le paysage souligne à ce jour cette agonie, cet espoir et son tragique reniement.