Skip to content

Lily Boukouvala, née en Grèce en 1981, est une photographe professionnelle diplômée en photographie et graphisme électronique à Athènes. Elle vit et travaille actuellement à Paris.

C’est un fait indiscutable, nous vivons dans une époque où l’image est reine et même où notre vie quotidienne toute entière est médiatisée par un flot ininterrompu d’images, toujours au service du marché. Nous nous demandons s’il est encore possible aujourd’hui, dans ces conditions, d’entreprendre une recherche artistique cherchant à capter des vérités dans la nature. Que pourrait être un tel art aujourd’hui ?

Lily nous fait voyager, avec son œuvre, dans un environnement qui réveille des instincts quelque peu assoupis dans l’ombre, chez l’homme ordinaire, et qui, sous son œil, révèlent ces rythmes vifs qui régissent, désormais, sa vie.

Lorsque l’on renonce à tout parti pris et que l’on se met à l’écoute des pulsations de la vie qui parcourent le paysage, l’acte même de photographier devient plus simple, comme une voix intérieure qui guide les choix. Des choix qui s’imposent immédiatement par leur excellence, au moment d’une captation qui n’est jamais capture, dans la reconstruction que propose l’image. Si la pratique de la photographie passe par une expérience extraordinaire d’extase et d’identification ou de syntonisation avec la pulsation du paysage, toute préconception des résultats de la photographie étant secondaire, ce qui compte est vraiment cette expérience. On se situe de toute évidence en dehors des compétitions cherchant à séduire pas plus par de nouvelles prouesses techniques que par des tendances du marché. Face au mystère de la nature, tous restent égaux et pourtant les résultats de chaque photographie (avec le sens de l’action, φωτογράφιση et non du résultat obtenu, φωτογραφία) sont différents. On se réjouit quand on parvient à reconstruire des images qui rendent justice à l’expérience vécue. Il est laissé aux autres, au public, à chacun d’entre nous, de juger de la valeur esthétique de ces images, selon nos propres critères, et d’y trouver un point d’entrée dans le mystère de la nature.

À travers ses œuvres, nous percevrons la pulsion intérieure qui l’anime, la submerge et qui conjugue en elle son double talent de promeneuse et d’interprète. Une nature sollicitant en permanence les cinq sens, dont le plus important, selon Aristote celui de la vue. Et là, d’une légère pression sur un bouton, d’un simple déclic sur un appareil, le paysage s’immobilise pour instiller la fragilité d’un instant dans l’univers mental du spectateur, le conduisant alors à obéir à l’errance même de son propre regard, à recomposer constamment sa vision pour en déterminer une lecture plus ou moins stable. En fixant son image, la photographe met le regardeur en mouvement.

 Le drame même de l’intrigue des phénomènes de la Nature, offre à celui qui peut le percevoir et l’observer attentivement, un plaisir esthétique. Mais plus encore, la possibilité d’intérioriser ce drame et la coordination de l’expérience de l’observateur avec la pulsation vivante du paysage environnant, offre une émotion puissante qui peut être exprimée, capturée et laissée des traces. La pratique de la photographie peut exister, s’exercer, à travers une telle expérience. Tenter de condenser le langage symbolique de la Nature.

Les traces d’une telle tentative d’empreinte ont une variété illimitée de résultats esthétiques tout comme la variété des expériences qui la supporte est infinie et illimitée.

error: Content is protected !!